Thomas Hobbes - Biographie

Explication: Hobbes écrit que «la peur et moi sommes nés jumeaux», en référence à l’alerte de l’Armada espagnole au moment de sa naissance. Cette image, rapportée par ses biographes, souligne à la fois la tonalité affective qu’il associe à sa propre vie (prudence, souci de sécurité) et la manière dont il lie son histoire personnelle à une atmosphère de menace extérieure, un motif qui traversera son anthropologie et sa politique.

Explication: Le père de Hobbes, Thomas Hobbes Sr., était vicaire à Westport (Malmesbury). Selon les sources (notamment Aubrey), un tempérament prompt à la querelle le conduisit à une rixe au porche de l’église, après quoi il s’enfuit, laissant les enfants. Cette fuite eut des conséquences matérielles et affectives, créant une vulnérabilité financière comblée en partie par l’oncle maternel/avunculaire.

Explication: Les récits biographiques classiques rapportent qu’à la suite d’une bagarre au portail de l’église, le père prit la fuite. Les enfants furent alors pris en charge par l’oncle Francis, ce qui modifia l’architecture affective et économique du foyer de Hobbes.

Explication: Francis Hobbes, gantier à Malmesbury, était un artisan relativement prospère. Il assura l’encadrement du jeune Thomas après la fuite du père. Ce soutien fut décisif pour son accès aux écoles de grammaire puis à Oxford, stabilisant à la fois son horizon affectif et ses moyens financiers.

Explication: Les sources (Aubrey, SEP) indiquent une progression typique: école locale à Westport, grammar school à Malmesbury, une période chez Robert Latimer, puis l’entrée à Magdalen Hall (Oxford). Cette montée en gamme scolaire fut rendue possible par l’appui familial et une gestion économe des ressources.

Explication: Il s’inscrit à Magdalen Hall (Oxford) en 1603 et obtient son BA en 1608. Bien qu’il ait souvent critiqué l’enseignement scolastique d’Oxford, ce diplôme formalise une formation classique solide qui servira ses premières fonctions de précepteur.

Explication: Hobbes se montre plutôt critique de la scolastique. Il revendique ultérieurement une méthode déductive inspirée de la géométrie et un matérialisme anti-aristotélicien. Cela relève autant d’un positionnement intellectuel que d’un tempérament personnel, hostile à l’autorité académique figée.

Explication: Hobbes raconte l’effet de stupeur produit par la première démonstration d’Euclide (c. fin des années 1620). Cet épisode personnel nourrit son idéal d’une science civile fondée sur la déduction géométrique, reconfigurant ses habitudes intellectuelles.

Explication: Dès 1608-1610, Hobbes sert la maison Cavendish (Devonshire). Sa sécurité matérielle vient d’un mélange de pension, logement et réseaux de patronage, bien plus que de postes publics ou de droits d’auteur alors très limités.

Explication: La traduction de Thucydide est un geste intellectuel et politique: elle résonne avec les inquiétudes des élites et représente un capital symbolique destiné à renforcer ses liens de patronage. Les ventes n’assuraient pas l’essentiel de son entretien.

Explication: Il a effectivement servi Bacon à titre d’amanuensis/assistant pendant un temps. Cependant, son soutien matériel récurrent venait surtout des Cavendish et d’autres patrons, non d’un emploi salarial stable auprès de Bacon.

Explication: Hobbes accompagne notamment les Cavendish lors de voyages en France et en Italie (1610-11; 1634-37). Ces séjours fortifient ses relations et affermissent sa position de client cultivé, ressource cruciale pour sa sécurité matérielle et sa réputation.

Explication: À Paris, Hobbes s’insère dans le cercle de Mersenne, fréquente les exilés royalistes et donne des leçons. Les revenus éditoriaux demeurent faibles; la dépendance à la patronage et à l’hospitalité demeure la clé de sa vie matérielle.

Explication: Il est attesté que Hobbes donna des leçons, notamment de mathématiques, au prince de Galles en exil. Ce lien personnel pèsera dans l’obtention ultérieure d’une pension royale après la Restauration.

Explication: Après 1660, Charles II lui accorde une pension; parallèlement, Hobbes est logé et protégé par les Cavendish (Chatsworth/Hardwick). Ce double filet – royal et aristocratique – est central pour sa tranquillité financière et personnelle.

Explication: Les sources mentionnent une pension annuelle d’environ £100 octroyée par Charles II. Dans l’économie du XVIIe siècle, cela constitue un appoint substantiel, complété par l’hospitalité et l’allocation des Devonshire.

Explication: Le consensus biographique est qu’Hobbes demeura célibataire et sans descendance légitime. Son univers affectif s’organise plutôt autour de liens de patronage, d’amitiés savantes (Mersenne, Gassendi, etc.) et de la domesticité aristocratique.

Explication: Protégé de la maison de Devonshire, Hobbes séjourne notamment à Hardwick Hall et Chatsworth. Cet ancrage résidentiel patronal lui assure confort, sécurité et un cadre propice au travail malgré les polémiques.

Explication: La métaphore de la peur met en scène un tempérament attentif au péril et au besoin de stabilité. Cette tonalité personnelle entre en résonance avec sa théorie politique, centrée sur la limitation de la crainte mutuelle par l’autorité civile.

Explication: Le Leviathan, par son église «d’État» et son érastianisme, indisposa des royalistes et ecclésiastiques. Affaibli dans ses appuis, Hobbes revint bientôt en Angleterre, misant sur la protection du nouveau pouvoir puis, après 1660, sur la faveur royale.

Explication: La dédicace à Francis Godolphin manifeste une habileté dans l’art de cultiver les protecteurs. Hobbes sait convertir les dédicaces en capital social, ressource essentielle pour qui dépend moins des revenus éditoriaux que des patrons.

Explication: Hobbes est proche de plusieurs branches Cavendish, dont Newcastle. Le tutorat et l’hospitalité offerts par ce milieu aristocratique structurent la trame domestique et économique de sa vie adulte.

Explication: Dans la culture du patronage, la reddition de comptes (frais, livres, hébergements) faisait partie des devoirs d’un précepteur-compagnon. Ces pratiques témoignent de sa prudence économique et de sa position de dépendance professionnelle.

Explication: La famille n’était pas riche; l’oncle Francis, artisan aisé, offrit un appui décisif. La trajectoire scolaire du jeune Hobbes s’explique par cette combinaison de sobriété, d’appui familial et d’aptitudes qui séduisirent des patrons.

Explication: Il n’occupa pas de chaire universitaire permanente. Sa position matérielle dépendit d’abord du patronage (Cavendish, Newcastle), puis d’une pension royale, plutôt que d’un salaire académique.

Explication: Des sources (comme Aubrey) lui prêtent des habitudes de marche, un goût pour le jeu de paume même tard, et une frugalité compatible avec une dépendance aux pensions. Ces traits entrent dans la fabrique d’une longévité remarquable (91 ans).

Explication: La peur de poursuites pour hérésie conduisit Hobbes à la prudence extrême (destruction de manuscrits sensibles) et à s’appuyer davantage sur le parapluie protecteur du roi et des Devonshire. C’est un épisode révélateur de sa vulnérabilité personnelle.

Explication: Le système du patronage organisait la carrière matérielle des lettrés. Hobbes ne fit pas exception: ses livres lui apportèrent réputation et réseau plus que finances, les pensions et l’hospitalité assurant l’ordinaire.

Explication: Hobbes s’éteint à Hardwick Hall, résidence liée à ses protecteurs Cavendish. La scène de sa mort illustre la continuité de son encadrement domestique et matériel par le patronage aristocratique.

Explication: Il ne fut pas fait chevalier. Sa reconnaissance prit d’autres formes: pension royale, hospitalité, prestige intellectuel et influence durable, mais sans anoblissement formel.