Thomas Hobbes - Concepts clés

Explication: Pour Hobbes (Léviathan, chap. XIII), l’état de nature est un état de guerre (bellum omnium contra omnes) produit par l’égalité de puissance et la méfiance, où aucun pouvoir commun n’impose la loi. La célèbre formule sur la vie « solitaire, pauvre, désagréable, brutale et courte » souligne l’insécurité radicale. Hobbes rejette l’idée d’un ordre spontané stable, d’une harmonie morale ou d’un proto-féodalisme sans souverain.

Explication: Hobbes définit le droit de nature comme la liberté de faire tout ce que l’on juge nécessaire à sa conservation (Léviathan, chap. XIV). Ce n’est pas un devoir mais une latitude d’action sans contrainte externe. Il ne suppose ni propriété pré-politique ni obligations morales indépendantes du pouvoir civil.

Explication: Les lois de nature sont des préceptes de raison (chercher la paix, tenir les conventions, etc.) mais n’obligent avec force qu’une fois édictées par le souverain comme lois civiles (Léviathan, chap. XV, XXVI). Sans épée publique, elles restent des conseils de prudence, non des commandements contraignants.

Explication: Hobbes soutient un pacte d’autorisation réciproque entre sujets potentiels (« je t’autorise et te cède mon droit à condition que tu fasses de même »). Le souverain, créé par cette autorisation, n’est pas partie au pacte et ne peut être accusé d’injustice envers les sujets (Léviathan, chap. XVII–XVIII; De Cive).

Explication: Au chap. XV du Léviathan, Hobbes réfute le « Fou » en montrant que rompre un pacte mine la confiance, expose à la punition du souverain et replonge vers la guerre. La rationalité authentique est prudente et prend en compte les conséquences systémiques et la réputation, qui sont conditions de sécurité et de coopération.

Explication: Hobbes préfère la monarchie (Léviathan, chap. XIX) pour son unité décisionnelle, sa capacité à choisir des conseillers et garder le secret, et parce qu’elle minimise les conflits internes d’intérêts. Toutefois, il juge toute forme souveraine valide si elle est effective et indivisible.

Explication: Hobbes conçoit la liberté négativement comme absence d’empêchements externes (Léviathan, chap. XIV, XXI). Être libre n’est pas être soustrait aux lois civiles ; c’est agir sans obstacle physique illégitime. Il défend une compatibilité entre liberté ainsi entendue et nécessité causale.

Explication: Hobbes affirme que la nécessité causale n’abolit pas la liberté conçue comme absence d’entraves externes (Léviathan, chap. XXI). On peut être libre et néanmoins agir nécessairement, dès lors que l’action procède de causes internes sans obstacle externe.

Explication: Hobbes distingue auteur et acteur (Léviathan, chap. XVI). En autorisant le souverain, les individus deviennent auteurs de ses actes publics, qu’il exécute comme acteur. Cette construction justifie l’irresponsabilité juridique du souverain envers les sujets et l’unité de la personne politique.

Explication: Hobbes soutient que le sujet ne peut renoncer au droit de se préserver (Léviathan, chap. XIV, XXI). Il peut donc refuser de s’accuser, de se blesser, ou résister à une agression immédiate, sans que cela soit injuste. En revanche, l’obéissance politique générale reste due au souverain.

Explication: Hobbes définit la punition comme un mal infligé par le souverain selon la loi pour un délit déjà commis (Léviathan, chap. XXVIII). Sans autorité publique, il n’y a pas punition au sens strict, seulement violence, vengeance ou malchance.

Explication: Pour Hobbes (Léviathan, chap. XVIII, XXIX), mine et tien n’existent qu’en vertu des lois civiles et de l’allocation souveraine. En état de nature, tout est commun et sujet à contestation; la propriété est une création de l’ordre civil, garantie par la puissance publique.

Explication: Dans le Léviathan (chap. XXV), le conseil est une recommandation orientée vers le bien de celui qui reçoit l’avis, fondée sur la persuasion; le commandement oblige par la volonté du détenteur d’autorité. Confondre les deux alimente la sédition et le mauvais gouvernement.

Explication: Hobbes (Léviathan, parties III–IV) soutient l’érastianisme : l’autorité civile a juridiction ultime sur la religion publique, pour éviter le dualisme des pouvoirs générateur de guerre. Le souverain décide du culte, des doctrines autorisées et de l’exégèse publique.

Explication: Dans la « République chrétienne » et le « Royaume des Ténèbres » (parties III–IV), Hobbes minimise la portée épistémique des miracles, invoquant l’ignorance des causes naturelles, la fraude et la superstition; il place leur reconnaissance sous le contrôle du souverain pour prévenir l’anarchie doctrinale.

Explication: Hobbes écrit après les guerres civiles anglaises (1642–1651) et l’exécution de Charles I (1649). Son projet vise la paix civile par l’institution d’un souverain fort. Les autres événements sont anachroniques ou périphériques à son œuvre majeure.

Explication: La première loi de nature (Léviathan, chap. XIV) enjoint de chercher la paix; la seconde prescrit de renoncer aux droits en proportion à la même disposition chez autrui; la troisième de tenir ses conventions. L’option utilitariste est étrangère à Hobbes.

Explication: Contrairement au droit romain classique, Hobbes (Léviathan, chap. XIV, XV) affirme la validité des pactes sous crainte, car la crainte est omniprésente dans la politique. Ce réalisme vise à stabiliser les engagements et prévenir la guerre civile.

Explication: Hobbes (Léviathan, chap. XVIII) réserve le terme peuple à la multitude devenue une seule personne par l’institution d’un souverain qui la représente. Sans représentation souveraine, il n’y a pas de volonté unifiée, seulement une multitude dispersée.

Explication: Hobbes étend son diagnostic : entre souverains, l’absence d’un pouvoir commun signifie un état de nature, donc un équilibre d’armements et de méfiance, malgré des trêves et traités (Léviathan, chap. XIII). Il n’y a pas de souverain mondial ni de charité spontanée suffisante.

Explication: Hobbes, influencé par la géométrie, prône une méthode déductive appuyée sur des définitions nominales précises (De Corpore; Léviathan, Introduction). Il critique les ambiguïtés du langage scolastique qui engendrent des « ténèbres » doctrinales.

Explication: Pour Hobbes (Léviathan, chap. VI), bien et mal sont relatifs aux passions individuelles (appétit/aversion). Cette position nominaliste/subjectiviste alimente sa théorie politique qui requiert un arbitre public pour fixer des normes communes.

Explication: Hobbes (Léviathan, chap. XXVI) admet que l’équité aide à combler les lacunes, mais sous l’autorité du souverain. Elle n’émancipe pas les juges de la loi; elle en réalise l’intention rationnelle face aux cas difficiles.

Explication: Hobbes confère au souverain des prérogatives indivisibles : juger des doctrines publiques, lever l’impôt, nommer les magistrats, etc. (Léviathan, chap. XVIII). Il rejette le droit des sujets de le déposer par simple vote, car cela dissoudrait l’unité politique.

Explication: Hobbes (Léviathan, chap. XXVII) soutient que la promulgation publique rend la loi opposable; l’ignorance n’excuse donc pas. Si la loi n’est pas publiée, l’obligation n’est pas née. Il évite ainsi l’arbitraire tout en assurant l’effectivité de la loi.

Explication: Au chap. XVI du Léviathan, la personne naturelle est celle qui parle en son propre nom; la personne artificielle est créée par attribution/autorisation pour représenter autrui (p. ex. souverain, corporations). Cette notion fonde la théorie hobbesienne de la représentation.

Explication: Hobbes (Léviathan, chap. XVIII) dénonce l’usage rhétorique de « tyrannie » pour délégitimer la souveraineté. Il n’en fait pas une catégorie institutionnelle fondant un droit de résistance, car cela minerait l’indivisibilité du pouvoir civil.

Explication: Hobbes fonde l’obligation politique sur la protection (Léviathan, chap. XXI). Si le souverain est impuissant à protéger, le lien d’obéissance se dissout de fait; sinon, même l’immoralité alléguée ne fonde pas un droit de révolte privative.

Explication: Hobbes identifie compétition (pour le gain), défiance (pour la sécurité) et gloire (pour la réputation) comme moteurs de conflit en l’absence d’un pouvoir commun (Léviathan, chap. XIII). Ces passions structurent sa théorie de la guerre de tous contre tous.

Explication: Dans la quatrième partie du Léviathan, Hobbes dénonce des doctrines (sur les démons, la transsubstantiation, le pouvoir ecclésiastique indépendant, etc.) qu’il juge ténébreuses car elles favorisent la sédition et la confusion conceptuelle. Il s’agit d’une critique politico-théologique structurée, non d’une simple image.