Thomas Hobbes - Influences

Explication: Hobbes revendique un idéal euclidien de démonstration et de définition claire. Il considère que la politique peut être construite à partir de définitions et de déductions, à la manière des Éléments d'Euclide. Il admire Bacon et Descartes, mais sa méthode civile se réclame explicitement de l'exactitude géométrique.

Explication: Hobbes transpose un schème mécaniste à l'explication de l'humain et du politique: mouvement, appétits et aversions structurent l'action. Il rejette le finalisme et les formes substantielles, et intègre l'influence galiléenne d'une nature régie par des lois de mouvement.

Explication: Pour Hobbes, la guerre signifie un état de défiance et d'insécurité structurelles où les causes de querelle (compétition, défiance, gloire) dominent. Il précise que la guerre ne requiert pas des combats effectifs à chaque instant, mais l'absence de garantie de sécurité par un pouvoir commun.

Explication: Le pacte est fait des sujets entre eux pour autoriser un représentant commun; le souverain n'est pas partie au contrat, ce qui explique qu'il ne peut logiquement l'enfreindre et qu'il conserve le droit de punir.

Explication: Le débat Hobbes–Bramhall porte sur la liberté et la nécessité: Hobbes défend un compatibilisme où la liberté est l'absence d'entraves externes au mouvement, tandis que Bramhall défend un libre arbitre véritable.

Explication: Hobbes défend un Erastianisme radical: l'Église est intégrée à la souveraineté civile, qui décide du culte public et de l'interprétation autorisée des Écritures, refusant toute juridiction indépendante des autorités religieuses.

Explication: Hobbes met en cause la fiabilité et la normativité des expériences publiques (comme celles de l'air-pompe de Boyle), plaidant pour une science déductive. Cette querelle emblématique structure la culture expérimentale de la Royal Society et a été revisitée par Shapin et Schaffer.

Explication: La dispute avec John Wallis, membre influent de la Royal Society, porta sur des erreurs mathématiques de Hobbes et symbolisa sa marginalisation face aux nouvelles communautés savantes expérimentales et mathématiques.

Explication: Hobbes est l'auteur du troisième ensemble d'objections aux Méditations. Il conteste l'immatérialité de l'âme et défend une ontologie matérialiste, marquant des divergences profondes avec Descartes.

Explication: Hobbes s'inspire d'un cadre épicurien-lucrétien: l'univers matériel est structuré par le mouvement des corps. Il adapte cette vision à une théorie des passions et des droits naturels.

Explication: Grotius défend une sociabilité et des devoirs naturels valables même si l'on supposait l'absence de Dieu. Hobbes, lui, fonde l'obligation pleine sur le pacte civil et l'autorisation d'un pouvoir commun, même si des lois de nature comme des conseils de prudence existent.

Explication: Pufendorf reprend des thèmes hobbesiens (état de nature instable, souveraineté nécessaire) tout en accordant davantage de place à la sociabilité et aux devoirs naturels, opérant une inflexion modérée du hobbesianisme.

Explication: Locke s'oppose à l'absolutisme hobbesien: les individus possèdent des droits naturels prépolitiques (vie, liberté, propriété) que l'État doit protéger, non absorber. Le consentement fonde un pouvoir limité.

Explication: Chez Rousseau, l'état de nature est caractérisé par la pitié et l'indépendance, la guerre généralisée étant un produit social et historique, à l'opposé du diagnostic hobbesien d'une disposition au conflit.

Explication: Hobbes et Spinoza partagent un naturalisme anti-scolastique et une critique des clercs, mais Spinoza conçoit plus volontiers la démocratie et une liberté d'expression plus large que l'absolutisme hobbesien.

Explication: Montesquieu défend la modération par la séparation des pouvoirs, alors que Hobbes conçoit une souveraineté indivise pour éviter la guerre civile et la paralysie des lois.

Explication: Harrington, dans Oceana, défend une république fondée sur l'équilibre agraire et la rotation des charges. Il s'oppose à l'absolutisme hobbesien en ancrant la stabilité dans la distribution de la propriété.

Explication: Filmer justifie l'autorité par la paternité d'Adam et le droit divin, alors que Hobbes élabore un contractualisme d'autorisation où la souveraineté, bien que absolue, dérive d'un pacte entre sujets.

Explication: Hobbes définit la liberté comme absence d'entraves légales: on est libre là où la loi ne s'exprime pas. Les néo-républicains objectent que la domination peut exister sans interférence actuelle, soulignant l'importance de l'absence d'arbitraire.

Explication: Les réalistes voient dans l'absence d'autorité mondiale un analogue de l'état de nature hobbesien. Certains (Wendt) distinguent des cultures d'anarchie (hobbesienne, lockéenne, kantienne), nuançant ce diagnostic.

Explication: Le frontispice figure un géant dont le corps est constitué de sujets, emblème de la personne artificielle du Commonwealth qui représente et unifie les volontés autorisées.

Explication: Hobbes y dénonce les sources d'obscurité intellectuelle, notamment les superstitions, l'autorité du clergé et certaines traditions universitaires, qui menacent la paix civile et la science politique.

Explication: En 1683, l'Université d'Oxford condamne et brûle des livres jugés dangereux, dont le Leviathan, preuve de la persistance du soupçon d'athéisme et de sédition associé à Hobbes.

Explication: Hobbes reconnaît un droit inaliénable de se défendre. Si l'obéissance générale est requise, on peut résister aux commandes qui détruisent immédiatement sa propre vie (par exemple, refuser de se poignarder soi-même).

Explication: Hobbes soutient une certaine égalité naturelle et admet que l'autorité initiale peut être maternelle. Toutefois, Carole Pateman argue que le contrat social moderne a une structure patriarcale implicite que Hobbes contribue à naturaliser politiquement.

Explication: John Austin systématise une théorie positiviste du droit comme commandement du souverain habitudinaire, héritant du schème hobbesien d'une autorité qui fonde la normativité juridique par la contrainte publique.

Explication: Les interprétations hobbesiennes modernes (par exemple, Gauthier) modélisent l'état de nature comme un dilemme du prisonnier où l'institution d'une autorité publique crédible rend la coopération rationnelle.

Explication: Chez Rawls, l'accord est obtenu dans une situation d'égalité morale et d'information voilée, non dans un contexte de menace. Le contrat vise l'impartialité, en contraste avec le rationalisme sécuritaire de Hobbes.

Explication: Schmitt salue Hobbes pour avoir identifié la décision souveraine comme remède au chaos, mais lui reproche d'avoir désenchanté et neutralisé le politique par l'absorption des conflits sous l'État-Léviathan.

Explication: Dans Leviathan and the Air-Pump, Shapin et Schaffer soutiennent que l'expérimentalisme boyléen institue des pratiques et des témoignages publics créant l'autorité des faits, en opposition au programme hobbesien, révélant l'entrelacement du politique et de l'épistémique.